Jean-Marc Ferry

L'Allocation universelle

Diffusion des automatismes, tertiarisation des emplois, délocalisation des activités, mondialisation des marchés, intensification de la concurrence internationale : telles sont les données relativement nouvelles de l’économie, auxquelles font écho de récentes inquiétudes sur la société. Le sens du travail change, le puissant intégrateur qu’il était jadis s’effrite, et l’on se demande comment accompagner la grande transition : comment assurer nos sociétés contre les risques que l’exclusion fait courir à la cohésion sociale et à la civilisation elle-même ? Autre interrogation, plus technique, touchant à l’articulation entre les procès de production et de répartition : comment anticiper l’éclatement du circuit d’économie monétaire dans nos économies en voie d’automatisation ? L’idée d’un revenu primaire inconditionnel – qu’on l’appelle « revenu de base », « revenu d’existence », « revenu de citoyenneté » ou « allocation universelle » – répond à cette double préoccupation. C’est l’idée d’un revenu social primaire distribué égalitairement de façon inconditionnelle à tous les citoyens majeurs de la communauté politique de référence. Même si la reprise se confirme, la croissance économique ne créera pas plus d’emploi que de chômage. Elle n’apportera par elle-même aucune solution à l’exclusion sociale. Ce qui fait l’originalité de la crise actuelle appelle alors à réfléchir sur un nouveau paradigme de la répartition : distribuer un revenu de base à tous les citoyens, quelle que soit leur situation dans la production : riches ou pauvres, actifs ou chômeurs, étudiants, femmes au foyer ou retraités. En dépit des idées reçues, il existe un lien positif entre l’instauration d’un droit au revenu et la restauration du droit au travail. Deux considérations à l’appui de cette thèse : L’instauration d’un droit indépendant au revenu, du moment qu’il ne s’agit jamais que d’un revenu de base, diminuera l’angoisse liée à une précarité croissante des emplois, sans pour autant supprimer l’incitation à travailler et à entreprendre. Au contraire : la motivation sociale s’en trouvera plutôt réactivée. à l’heure où la condition salariale entre en crise, une telle innovation favorisera l’essor d’un secteur d’activités non mécanisables, moins vulnérables aux mutations techniques et aux aléas des marchés mondiaux, que celles qui résultent d’une organisation conventionnelle du travail-emploi. C’est l’idée d’un secteur quaternaire d’activités personnelles dont le développement peut ouvrir la perspective d’où le droit au travail cesserait d’être une hypocrisie.

Verbreitung der Automatisierung, mehr Beschäftigung im Dienstleistungssektor, Abwanderung von Aktivitäten, Globalisierung der Märkte, Verstärkung der internationalen Konkurrenz : derart sind die aktuellen gegebenheiten der Wirtschaft, die im Unbehagen der Gesellschaft ihren Widerhall finden. Der Sinn der Arbeit ändert sich, ihre starke Integrationskraft von früher schwindet dahin und man fragt sich, wie der Übergang bewältigt werden kann : wie kann man unsere Gesellschaften absichern gegen die risiken, welche durch die Ausgrenzung das soziale Gefüge und die Zivilisation selbst gefärdern ? Eine andere mehr technische Frage, welche die Produktionsprozesse und die Verteilung betrifft : wie kann man der Aufsplitterung des Geldumlaufes auf dem Wege zur automatisierung entgegentreten ? Die Idee eines bedingungslosen Grundeinkommens, welches « Basiseinkommen », « Existenz­minimum », « Bürgergeld » oder « allgemeine Zuteilung » genannt wird, gibt Antwort auf die Zweifache Herausforderung, die uns mit Sorge erfüllt. Es ist die Idee eines sozialen Grundeinkommens, welches gleichmässig und ohne Vorbedingung an alle erwachsenen Bürger der politischen Bezugsgemeinschaft verteilt wird. Selbst wenn der Aufschwung sich bestätigt, wird das wirtschaftliche Wachstum nicht zu netto mehr Arbeitsplätzen führen. Es trägt selbst zu keiner Lösung bei, welche die soziale Ausgrenzung verhindert. Was die Besonderheit der derzeitigen Krise ausmacht, ist der Ruf nach einem neuen Paradigma der Verteilung, nämlich die Verteilung eines Grundeinkommens an alle Bürger unabhängig davon, welches ihre Stellung in der Produktion ist : reich oder arm, berufstätig oder arbeitslos, Student, Hausfrau oder Rentner. Trotz gegenteiliger Vorstellungen gibt es eine positive Verbindung zwischen der Einführung eines Rechtes auf Einkommen und der Restaurierung des Rechtes auf Arbeit. Zwei Betrachtungen stützen diese these : Die Einführung eines unabhängigen Rechtes auf Einkommen, sofern es sich nur um ein Grundeinkommen handelt, wird die Angst verringern, die mit einem steigenden Mangel an Arbeitsplätzen verbunden ist, ohne dass jedoch der Anreiz, zu arbeiten und etwas zu unternehmen, unterdrückt wird. Im Gegenteil : die soziale Motivation wird dadurch eher wiedererlebt. Im Augenblick einer kritischen Situation der Arbeitnehmer wird eine solche Innovation die entstehung eines nicht mechanisierbaren Tätigkeitsbereiches begünstigen, welcher weniger anfällig ist für technische Umwälzungen und das Auf und Ab der Weltmärkte als die Tätigkeiten, die sich aus einer konventionellen Organisation von Lohnarbeit ergeben. Es ist die Idee eines « vierten Sektors » von persönlichen Aktivitäten, deren Entwicklung eine Perspektive öffnet, in welcher das Recht auf Arbeit keine Heuchelei mehr ist.



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DERNIERE MISE A JOUR LE 18 JUILLET 2005